Crise de sens, crise des valeurs



" Voulons-nous un peuple éclairé ou un peuple de consommateurs-zappeurs ?" Luc Ferry, Juin 2009

J'ai terminé mon précédent billet, en le "retouchant" par cette phrase : "Je dénonce le fait que l'étranger, le gitan ou le rom soient redevenus les bouc-émissaire de cette époque de crise. Crise économique, crise du sens et crise des valeurs."

Avant de parler et d'ouvrir la discussion sur la crise économique, il me semble urgent de creuser une bonne fois pour toute un sillon, pour enterrer enfin les fausses valeurs qui semblent être les nouvelles normes, les nouvelles pépites de notre quête universelle du sens de la vie.

Je ne vais pas porter haut la question philosophique. Mais regardez de plus prêt l'illustration de cette note : je ne voyage pas aussi souvent que je photographie les journaux, rassurez-vous ! En Suisse, ce weekend, dans la région du Valais, j'ai rapidement consulté le journal "Le Matin". Dans ce pays non intégré à l'Union européenne, où les français sont des travailleurs immigrés, j'ai eu la surprise désagréable de découvrir cette information "people". La plus grande star de St Tropez cet été, est une (ancienne ?) prostituée de luxe. Et prostituée mineure. Le malicieux journaliste précise dans cette brève que les papas et les enfants se précipitent pour obtenir des autographes...




L'éducateur que je suis est touché. Écœuré . Le père ne peut croire sérieusement à une telle frénésie. Le militant politique a envi de crier !
Comment ? Celle que les dieux du foot français ont pu se payer comme un jouet (neuf !), que les médias s'arrachent, n'a pas encore tourné de film ? Comme le petit chanteur canadien qui a exigé de jouer son propre rôle pour premier film ?

Je passe mon temps (professionnel) à expliquer à des jeunes (un peu cassés, comme celle qui m'avait écrit qu'elle n'était qu'une poupée cassée) que rien ne s'obtient sans efforts.
Je répète que même "faire la fête" se prépare. On se donne les moyens d'offrir des choix aux invités que l'on reçoit, on sort le gâteau de sa boite en carton, pour le mettre en valeur dans un joli plat !
Inlassablement, tout en pensant à la maxime "La joie par l'effort", qui, vieillotte, ornait le mur d'un centre de vacances, j'affirme que se donner du mal pour réussir, ou juste pour s'en sortir est déjà porteur, créateur de satisfaction.
Pour s'émerveiller d'un lever de soleil, il faut se réveiller tôt, ou grimper sur une colline, marcher jusqu'au bord de la mer. Mais qui le dit aux jeunes ?
Et un coucher de soleil, c'est beau. Simplement beau.
Alors je reviens à l'argent. Argent roi, argent fou.Qui rend fou ? Oui, il en faut, c'est bien d'en gagner, même de travaille plus parfois pour en gagner plus. Mais après. S'il ne sert qu'a (se r...)acheter ou se payer, ce que l'on a pas le temps de faire. S'il ne sert qu'à empiler des objets que l'on a pas le temps d'utiliser. Et s'il le "bel argent" pour Harpagon, sert à acheter ce qui n'a pas de prix, ce qui justement ne s'achète pas, alors il faut agir. Réagir. A part quelques pharaons, on ne se fait pas enterrer avec des lingots...

L'amitié, si elle ne reste que sur facebook est bien irréelle. Si la plomberie de ma salle de bain explose en pleine nuit, à quel ami puis-je demander de m'aider ?
L'amour: sans soleil, pas de vie. Sans amour, comment on se construit ? Il faut aussi s'aimer soi-même, pour aimer l'autre, les autres.Et puis, il faut savoir donner, risquer, respecter, patienter, partager, écouter...Tiens, rien qui ne s'achète, dans ces verbes d'actions.

Le sens: qui répond aux enfants, aux lolitas ou aux adulescents, quand ils posent ou se posent ces questions ? Comment donner un sens à ma vie ? Pourquoi je suis là ? Y'a t'il une place pour moi ? Vais-je arriver à faire bien un mêtier simple et utile ?

J'arrête là, vous ne lisez pas les billets trop long.
Consommateurs-zappeurs ? Contradicteurs respectueux ? Lecteurs voyeurs ? Ou collaborateurs, co-producteurs de sens ?

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