Le 3 ème forum « Espoir banlieues » Nice-9 avril 2010





Le 3 ème forum « Espoir banlieues » vient de se tenir. J'ai eu la chance de pouvoir y participer toute la journée, parmi, environ un millier de participants, venus de toute la France, mais de Martinique aussi. Des travailleurs sociaux, des acteurs associatifs. Peu de jeunes, même venus des associations locales. Ou alors ils ont endossé une veste de costume, en développant leur association. Ils se sont engagés pour leur quartier, et n'ont pas oublié leur propre promotion personnelle. C'est bien ainsi, surtout quand ils ont le courage de rester dans leur quartier pour le faire avancer.

Un film institutionnel ouvre la journée.

Là, on a frôlé la propagande d'une autre âge. Heureusement qu'internet existe. Des chiffres sont avancés dans ce film, des millions d'euros mais l'imprécision de leur affectation, ou de la durée des plans de mise en œuvre me gêne. Il est par exemple question de 500 millions d'euros pour le désenclavement des quartiers, de 500 millions ou... 200 millions (!) pour les internats d'excellence. Un orateur reviendra sur ce montant, la Secrétaire d'État interviendra depuis le premier rang, dans la salle, pour apporter une précision qui ne lèvera pas la confusion.
Le plus drôle est que l'histoire de "la politique de la ville", nom courant pour ces plans d'aide aux banlieues, se résume en quelques mots et images, passant de la volonté évoquée de François Mitterrand à Fadela Amara ! Seul Jean-Louis Borloo, cité, réchappe de ce zapping historique. Alors que les plans banlieues, et l'effort des politiques publiques, ce sont plus de 30 ans d'actions porteuses, ou parfois critiquables, comme le fit Aziz Senni sur son blog pour la 2onde édition du forum.

Les tables rondes de la matinée:

Des tables rondes avec des experts qui, de leur quelques minutes de paroles, n'ont pu qu'évoquer leurs analyses, leurs pistes d'action. Un intervenant à décrit une démarche de recrutement tout à fait concrète, c'est Jean-Jacques Salin, Directeur Général du groupe Inditex qui gère en France les magasins Zara, mais aussi de nombreuses autres marques. Recrutement avec les missions locales, avec les seuls critères de difficultés d'insertion et de non-qualification, embauche et rémunération, "mise au vert" encadrée par le personnel RH du siège, et surtout du sport, du théâtre, des rencontres avec des acteurs, footballeurs, personnalités, capables de témoigner de leur passion. Les actions sont en cours, mais ce patron "philanthrope", qui s'implique personnellement, apporte sa pierre et donne des chances. Il offre de la confiance en soi, et de l'emploi !
Merci de ne pas me pousser à parler des questions de la salle, trop policées à mon goût.

Qui fait quoi ? La foire aux sigles dans la jungle des dispositifs:

Je ne suis pas praticien de la politique de la ville. Mais la jungle des dispositifs cache trop les réalités humaines. Cette jungle semble rassurer les institutionnels, les politiques (aux responsabilités !) Nous avons ceci, nous faisons cela, il y a aussi cette commission....Un problème, une commission.
Mais ce que je retire de cette journée, c'est que le problème numéro un, c'est l'emploi. Donc la formation, la mobilité.



Le village des associations:

L'après-midi, le village des associations était plus riche d'échanges.Nice Matin en a rendu compte partiellement, et je peux témoigner que la secrétaire d'État Fadela Amara a pris le temps, toute l'après-midi de visiter chaque stand. J'y retrouve beaucoup d'amis, salariés, militants, cadres, bénévoles. Une réflexion me vient, sans ramener à la politique-politicienne, je me sens ou je me sais, proche de beaucoup.

Le Maire-Ministre ou Ministre chargé de-Maire:

"Plus le Maire de Nice que le ministre", dit-il. On en oublierait presque le Conseiller général de St Étienne de Tinée, ou le député de Nice-montagne qu'il fut. Trop long diraient certains, trop fort pour d'autres. Oui, il est fort le Maire de Nice. Sinon serait-il là où il est arrivé aujourd'hui ? Mais.



Par honnêteté intellectuelle, je fournis un lien de 35 mn sur le discours de Christian Estrosi, dont je n'ai retenu que l'auto-satisfaction, le centrage nisso-niçois, alors que le public venait de la France entière, dom-Tom compris. Discours qui n'avait pas été modifié, alors qu'il n'était plus discours d'ouverture, mais de clôture...agenda chargé.L'allocution de Ministre délégué à l'industrie, Maire de Nice.
Je le concède, il dit mettre des sportifs de haut niveau dans les écoles. Pour le goût de l'effort, l'esprit de compétition.
Pour les connaisseurs et les praticiens, je ne peux manquer que le meilleur atout de Christian Estrosi, sur la question des banlieues et des quartiers, c'est encore son adjointe et ex-femme, Mme Estrosi Sassone, qui malheureusement n'a pas pu prendre la parole. Elle est efficace, pragmatique et suit le dossier de la "Politique de la Ville" et donc de l'Habitat depuis longtemps.

Une dynamique positive, plusieurs espoirs pour nos banlieues:

Pour ne pas tomber dans un billet trop long ou trop technique, il est temps que je vous donne mon sentiment et mes espoirs.
Il n'a pas été question de sécurité. Ouf. Le thème n'est pas tabou, mais dans ce forum il est question des chênes qui poussent, pas des glands qui tombent.
Les banlieues, se sont des milliers de quartiers. Hors des villes, mais aussi dans les villes. Le "K" de quartier s'est adouci, sonorité moins gutturale quand on l'entend. (il reste dans le nom de la marque de nettoyeurs haute-pression, c'est tout). Nous avons enfin le droit d'appeler une banlieue une banlieue, un jeune un jeune...Une minorité de voyous, des voyous ou des trafiquants. Ce forum n'a jamais fait l'amalgame, jamais parlé de foulard ou de burqua, là où il n'en est pas question. La difficulté sociale, l'inégalité des territoires et le désenclavement, ce n'est pas agiter des peurs.
Autre point positif, le partage des expériences qui marchent. Je ne peux pas m'attarder sur les internats de l'excellence (trop peu de places à ce jour), sur les "cordées de la réussite"dont j'ignorais l'existence. Des actions sont très concrètes et je vous propose d'approfondir les questions d'éducation, là, si vous le souhaitez.
Enfin, même si l'administration est trop lente, qu'on la remplace par du para-publique "usines à gaz", beaucoup ont compris que l'économique est le moteur de l'insertion et de l'intégration. Des taxis collectifs aux grandes enseignes qui se teintent culturellement, (Casino "Comme là-bas"!), l'argent semble mettre tout le monde d'accord. Il en faut, il faut injecter quelques millions d'euros, et des millions de personnes auront la chance de devenir des consommateurs comme les autres. Si les associations et les personnalités fortes qui les animent parviennent à faire passer respect, le civisme et la démocratie, alors notre communauté nationale sera plus forte de millions de citoyens.

Appendice:

Les "identitaires" étaient de la partie, dès l'ouverture vendredi matin. Un mégaphone à la main, leur leader déversait sa dernière lecture, le Canard Enchainé. Retrait spontané...à la vue de la Police, puis contrôle d'identité.Certains apprécieront.
Je n'en parle que pour dire ma crainte de leur radicalisation, après leur contre-performance électorale du printemps.
Je les montre, pour que les yeux exercés voient leur positionnement et leur occupation du terrain, quelques minutes avant l'arrivée d'une Ministre qu'ils conspuent.

L'intégration républicaine est en marche, il y a des richesses dans nos quartiers et notre vie associative. Je reste optimiste.



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