Le 3 ème forum « Espoir banlieues » vient de se tenir. J'ai eu la chance de pouvoir y participer toute la journée, parmi, environ un millier de participants, venus de toute la France, mais de Martinique aussi. Des travailleurs sociaux, des acteurs associatifs. Peu de jeunes, même venus des associations locales. Ou alors ils ont endossé une veste de costume, en développant leur association. Ils se sont engagés pour leur quartier, et n'ont pas oublié leur propre promotion personnelle. C'est bien ainsi, surtout quand ils ont le courage de rester dans leur quartier pour le faire avancer.
Un film institutionnel ouvre la journée.
Là, on a frôlé la propagande d'une autre âge. Heureusement qu'internet existe. Des chiffres sont avancés dans ce film, des millions d'euros mais l'imprécision de leur affectation, ou de la durée des plans de mise en œuvre me gêne. Il est par exemple question de 500 millions d'euros pour le désenclavement des quartiers, de 500 millions ou... 200 millions (!) pour les internats d'excellence. Un orateur reviendra sur ce montant, la Secrétaire d'État interviendra depuis le premier rang, dans la salle, pour apporter une précision qui ne lèvera pas la confusion.
Le plus drôle est que l'histoire de "la politique de la ville", nom courant pour ces plans d'aide aux banlieues, se résume en quelques mots et images, passant de la volonté évoquée de François Mitterrand à Fadela Amara ! Seul Jean-Louis Borloo, cité, réchappe de ce zapping historique. Alors que les plans banlieues, et l'effort des politiques publiques, ce sont plus de 30 ans d'actions porteuses, ou parfois critiquables, comme le fit Aziz Senni sur son blog pour la 2onde édition du forum.
Les tables rondes de la matinée:
Des tables rondes avec des experts qui, de leur quelques minutes de paroles, n'ont pu qu'évoquer leurs analyses, leurs pistes d'action. Un intervenant à décrit une démarche de recrutement tout à fait concrète, c'est Jean-Jacques Salin, Directeur Général du groupe Inditex qui gère en France les magasins Zara, mais aussi de nombreuses autres marques. Recrutement avec les missions locales, avec les seuls critères de difficultés d'insertion et de non-qualification, embauche et rémunération, "mise au vert" encadrée par le personnel RH du siège, et surtout du sport, du théâtre, des rencontres avec des acteurs, footballeurs, personnalités, capables de témoigner de leur passion. Les actions sont en cours, mais ce patron "philanthrope", qui s'implique personnellement, apporte sa pierre et donne des chances. Il offre de la confiance en soi, et de l'emploi !
Merci de ne pas me pousser à parler des questions de la salle, trop policées à mon goût.
Qui fait quoi ? La foire aux sigles dans la jungle des dispositifs:
Je ne suis pas praticien de la politique de la ville. Mais la jungle des dispositifs cache trop les réalités humaines. Cette jungle semble rassurer les institutionnels, les politiques (aux responsabilités !) Nous avons ceci, nous faisons cela, il y a aussi cette commission....Un problème, une commission.
Mais ce que je retire de cette journée, c'est que le problème numéro un, c'est l'emploi. Donc la formation, la mobilité.
Le village des associations:
L'après-midi, le village des associations était plus riche d'échanges.Nice Matin en a rendu compte partiellement, et je peux témoigner que la secrétaire d'État Fadela Amara a pris le temps, toute l'après-midi de visiter chaque stand. J'y retrouve beaucoup d'amis, salariés, militants, cadres, bénévoles. Une réflexion me vient, sans ramener à la politique-politicienne, je me sens ou je me sais, proche de beaucoup.
Le Maire-Ministre ou Ministre chargé de-Maire:
"Plus le Maire de Nice que le ministre", dit-il. On en oublierait presque le Conseiller général de St Étienne de Tinée, ou le député de Nice-montagne qu'il fut. Trop long diraient certains, trop fort pour d'autres. Oui, il est fort le Maire de Nice. Sinon serait-il là où il est arrivé aujourd'hui ? Mais.
Par honnêteté intellectuelle, je fournis un lien de 35 mn sur le discours de Christian Estrosi, dont je n'ai retenu que l'auto-satisfaction, le centrage nisso-niçois, alors que le public venait de la France entière, dom-Tom compris. Discours qui n'avait pas été modifié, alors qu'il n'était plus discours d'ouverture, mais de clôture...agenda chargé.L'allocution de Ministre délégué à l'industrie, Maire de Nice.
Je le concède, il dit mettre des sportifs de haut niveau dans les écoles. Pour le goût de l'effort, l'esprit de compétition.
Pour les connaisseurs et les praticiens, je ne peux manquer que le meilleur atout de Christian Estrosi, sur la question des banlieues et des quartiers, c'est encore son adjointe et ex-femme, Mme Estrosi Sassone, qui malheureusement n'a pas pu prendre la parole. Elle est efficace, pragmatique et suit le dossier de la "Politique de la Ville" et donc de l'Habitat depuis longtemps.
Une dynamique positive, plusieurs espoirs pour nos banlieues:
Pour ne pas tomber dans un billet trop long ou trop technique, il est temps que je vous donne mon sentiment et mes espoirs.
Il n'a pas été question de sécurité. Ouf. Le thème n'est pas tabou, mais dans ce forum il est question des chênes qui poussent, pas des glands qui tombent.
Les banlieues, se sont des milliers de quartiers. Hors des villes, mais aussi dans les villes. Le "K" de quartier s'est adouci, sonorité moins gutturale quand on l'entend. (il reste dans le nom de la marque de nettoyeurs haute-pression, c'est tout). Nous avons enfin le droit d'appeler une banlieue une banlieue, un jeune un jeune...Une minorité de voyous, des voyous ou des trafiquants. Ce forum n'a jamais fait l'amalgame, jamais parlé de foulard ou de burqua, là où il n'en est pas question. La difficulté sociale, l'inégalité des territoires et le désenclavement, ce n'est pas agiter des peurs.
Autre point positif, le partage des expériences qui marchent. Je ne peux pas m'attarder sur les internats de l'excellence (trop peu de places à ce jour), sur les "cordées de la réussite"dont j'ignorais l'existence. Des actions sont très concrètes et je vous propose d'approfondir les questions d'éducation, là, si vous le souhaitez.
Enfin, même si l'administration est trop lente, qu'on la remplace par du para-publique "usines à gaz", beaucoup ont compris que l'économique est le moteur de l'insertion et de l'intégration. Des taxis collectifs aux grandes enseignes qui se teintent culturellement, (Casino "Comme là-bas"!), l'argent semble mettre tout le monde d'accord. Il en faut, il faut injecter quelques millions d'euros, et des millions de personnes auront la chance de devenir des consommateurs comme les autres. Si les associations et les personnalités fortes qui les animent parviennent à faire passer respect, le civisme et la démocratie, alors notre communauté nationale sera plus forte de millions de citoyens.
Appendice:
Les "identitaires" étaient de la partie, dès l'ouverture vendredi matin. Un mégaphone à la main, leur leader déversait sa dernière lecture, le Canard Enchainé. Retrait spontané...à la vue de la Police, puis contrôle d'identité.Certains apprécieront.
Je n'en parle que pour dire ma crainte de leur radicalisation, après leur contre-performance électorale du printemps.
Je les montre, pour que les yeux exercés voient leur positionnement et leur occupation du terrain, quelques minutes avant l'arrivée d'une Ministre qu'ils conspuent.
L'intégration républicaine est en marche, il y a des richesses dans nos quartiers et notre vie associative. Je reste optimiste.
1 De Olivier -
Probablement le meilleur Post que j'ai lu sur votre blog. Je le suis régulièrement et ne peux que vous féliciter tellement cette démarche est rare sur Nice.
2 De FB -
Merci pour votre encourageant commentaire. Pour la peine, j'ai relu mon billet et corrigé une faute d'accord.
J'avais peur qu'il soit trop long, alors j'ai résumé bien des choses à décrire ou des idées.
A bientôt
3 De AS -
Optimiste contre vents et marée (c'est un compliment) ton commentaire reflète plus ta pensée et ta vision que l'esprit de ce qui s'est réellement passé à ce forum.
Je ne casserai pas ce beau tableau -
Seul point positif à cette journée pour moi ..... les peits fours avec le café étaient très bons !!
4 De Paul -
Rooooh Fabien, tu as peur des méchants ziiidentitaires ? Tu te rends compte, ils avaient un mégaphone en main ! Terrifiant ! Sans peur de la comparaison, je dirais que ça rappelle les heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire.
Et oui, les manifestations, mouiller la chemise pour son peuple, en prenant des risques réels vis-à-vis de la police, de la justice, ou des racailles que vous chérissez, ça vous bouscule un peu dans votre quotidien de rantanplan.
Je le conçois. Mais il n'est jamais trop tard pour ouvrir les yeux et devenir un homme Fabien ! Moi c'est à 26 ans que j'ai eu un déclic ! Y a pas d'âge !
5 De FB -
@ "Paul": Crier la haine en crachant dans un mégaphone, je n'appelle pas cela être un homme. Et pour les bonnes manières, nous nous tutoierons quand nous nous serons rencontrés. Je n'ai qu'une peur, la radicalisation des mouvements sociaux. Et pour les identitaires, "radical", c'est leur nom de naissance !
Après Casimir, Rantanplan vous salue bien.
6 De FB -
@ AS: Je ne suis évidemment pas rentré dans les polémiques sur le coût d'une telle journée, au minimum 120 à 150000 euros, polémique présente sur internet. J'ai évité également de parler de l'enjeu de ce forum pour Mme Fadela Amara. Mais la question de l'ouverture de la politique sarkozyenne n'avait pas sa place dans mon billet.
Enfin, la "prévention" par le chéquier, cela existe. La politique de la ville étant une source importante de subventions, j'ai préféré relever que les associations pouvaient agir dans tout les quartiers. Pour Nice, l'Ariane, Pasteur, St Roch St Charles, mais aussi Vernier, vieille ville...
7 De AS -
Je ne remets pas en cause le travail des associations,enfin de certaines, qui souvent avec peu de moyens arrivent à faire un travail réellement utile qui pallie souvent aux manques de l'Etat. D'ou la générosité dans certaines subventions et la nécessité pour les associations de faire le nécessaire pour en recevoir.
Ce que je conteste totalement c'est cette manifestation "arrangée" entre deux Ministres, pour leur bien et leur publicités mutuels et qui en réalité n'avait strictement rien à voir avec les banlieues ni avec la jeunesse en difficulté qui ne pouvait être présente que par leurs associations triées sur le volet.