"Tout allait trop vite"




J'avais lu l'information, il y a presque deux mois. je découvre que la personne s'en sort, je découvre qu'elle a tenu à expliquer son geste, sa tentative. Certainement son cas, son acte est isolé. Mais.
Dans sa situation de cadre, de directrice d'un service départemental, en sa qualité de serviteur de l'Etat la tragédie est à lire.Le sujet est préoccupant.
Peut être aussi que dans son rôle de direction de services qui donnent un cadre à la jeunesse désœuvrée, délinquante ou pré-délinquante, son geste qui aurait du lui être fatal résonne pour moi terriblement. Nous savons que l'adolescence est l'âge de la vie qui compte le plus de suicides et de tentatives de suicides. Mal être et souffrances pour eux, mal être et souffrances pour ceux qui s'en occupent !
Catherine Kokoszka, directrice départementale de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Paris explique son geste par la pression reçu, une mission qu'elle ne pouvait plus remplir, une action qui perd tout son sens. Elle met en cause la RGPP.La tentation est forte pour moi de commenter à mon tour la RGPP, comme certain le font, par exemple, ici.. Je ne le ferai pas aujourd'hui. Cette réforme de l'État passe un peu trop inaperçue. Un ami fonctionnaire d'État me confiait la semaine dernière qu'elle affectait le moral et les conditions de travail de toute la hiérarchie, de l'administratif jusqu'aux hauts cadres de notre administration.
Je précise que je ne suis pas contre la réforme à priori, mais je ne pense pas que notre pays ait besoin de moins d'État.



"Tout allait trop vite" LE MONDE 04.11.09

A lire ici

"Le 15 septembre 2009, 8 h 55, moi, Catherine Kokoszka, directrice départementale de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Paris, enfermée que j'étais dans le travail comme en huis clos, me jette par la fenêtre de la direction départementale, du troisième étage sur cour."

Ce matin-là, ses collaborateurs l'attendaient dans une salle de réunion. Ne la voyant pas arriver, ils se dirigent vers son bureau. En chemin, ils voient une fenêtre ouverte, avec une chaise placée devant. En se penchant, ils aperçoivent le corps de leur directrice gisant une dizaine de mètres plus bas. Celle qui se définit comme "une miraculée, parce qu'encore vivante" est tombée sur un buisson qui a amorti sa chute. Elle est restée consciente. Elle prononce alors ces paroles : "La RGPP (révision générale des politiques publiques) m'a tuée."

Un mois après son geste, Catherine Kokoszka, en convalescence dans une maison de santé de la région parisienne, en explique les raisons dans un long texte diffusé par son syndicat, le Syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse-Union nationale des syndicats autonomes (SPJJ-UNSA). Le texte est rendu public alors que la ministre de la justice et des libertés, Michèle Alliot-Marie, devait rencontrer, jeudi 5 novembre, l'ensemble des cadres territoriaux de la PJJ, une administration en pleine crise d'identité, une administration en détresse, en charge de la jeunesse en détresse. Son geste, ses explications entrent en résonance avec des suicides sur d'autres lieux de travail...


Haut de page