Avis d'appel public à la concurrence- Les caméras de surveillance...



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Tenté par un bon mot, j'aurai pu titrer pour ce billet : “ Avis d'appel public à la cohérence !”. Mais quoi qu'il en soit, c'est bien de la mesure dans la communication que je réclame. En effet depuis le mois de mars 2008, la majorité municipale emmenée par Christian Estrosi nous a annoncé plus de 3000 caméras de vidéo-surveillance. 3000, car annoncées 10 fois ! A grand renfort de titres de journaux, “l'arrivée prochaine de 300 caméras","Nice protégée par 500 caméras " au bout du compte, cela pourrait faire 3000.

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Puisque la gauche voudrait ne plus faire d'angélisme en terme de sécurité, je ne vais pas, au centre, en faire à mon tour. Ni occulter ce qui se passe, ni rater le nécessaire débat sur la sécurité, ou plutôt sur la sureté publique.

Première remarque : depuis quelques semaines, le terme de vidéo-protection a été préféré à celui de vidéo surveillance. Je suis d'accord pour cela, sans être tout à fait dupe. Les honnêtes citoyens seront protégés par ces systèmes, les délinquants, les fauteurs de troubles surveillés et traqués. Nous sommes toujours dans une logique sécuritaire, et dans une utilisation politicienne et électoraliste du sujet. Je n'ai donc pas besoin d'évoquer une quelconque crainte pour les libertés individuelles, celle là même, qui sous le mot de sureté nous est garantie par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

Mais ce que je dénonce, c'est cette surenchère permanente : la sécurité devient “durable”, ces jours ci. Et cela ne veut rien dire du tout. Quand on regarde les années où la police de proximité a été idéologiquement mise au placard, et les résultats d'aujourd'hui, nous pourrions en rire si les victimes de vols, d'agressions violentes ne nous entendaient pas. Pour autant, les inégalités demeurent et les misères sociales, terreaux de tant de violences subsistent.

Je ne rentrerai pas dans la course aux statistiques, l'évaluation, le “taux d'élucidation des affaires”. Mais il y a là une dérive que les policiers (et le journal Libé ! ) sont les premiers à dénoncer.
Mais il me faut revenir à cet appel d'offre pour les caméras, à Nice et dans la Communauté urbaine. L'appel d'offre a été publié jeudi dernier. Dans le détail, il s'agit en fait d'un marché de 250 caméras de vidéo protection pour Nice et de 50 caméras de vidéo surveillance routière pour la communauté Nice Côte d'Azur. Le marché comprend également un nouveau centre de gestion, appelé là un Centre de Supervision Urbain. Puis le renforcement et l'extension du périmètre des réseaux, avec le paramétrage de l'ensemble des équipements. Il n'est pas mentionné de crédits ou de contrats de maintenance de tout cela, ce qui me parait inquiétant. Autre point regrettable, c'est l'absence de tout chiffrage pour ces équipement et ces travaux. La transparence de l'appel d'offre ne va pas jusque là.

Enfin, la mise en place prendra de 3 à 14 mois. Là, on prend conscience que le temps des annonces et de la communication n'est pas le même que celui de la réalisation.

Annoncé 10 fois, il nous aura fallu attendre, depuis les promesse électorales, un an pour voir la commande et un an encore pour que ce dispositif voit le jour et soit mis en place.

Aussi, depuis un an, à l'occasion de chaque comité de quartier, l'adjoint à la sécurité nous annonce que les habitants des quartiers seraient associés au choix des lieux d'implantation. Depuis, il nous annonce que les services de sureté savent identifier les mouvements des voyous et autres délinquants, et qu'une caméra à l'entrée d'un quartier, sur un axe de circulation, suffira.

Dans le même temps, il nous demande de ne pas avoir peur de la technologie: les forces de polices municipales, autorisées très récemment à porter et utiliser le fameux “tazer”, seront bientôt équipées de nouvelles radio numériques, de systèmes de géo-localisation et d'alerte perfectionnés.
Alors je pose la question de la formation des agents, et celle des difficultés de recrutement que peut connaitre la ville régulièrement, à ma connaissance. Avec toute la meilleure technologie du moment, l'acteur de la sureté et de la protection doit être capable de discernement, de juger correctement les situations.

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Je n'oublie pas que les premières caméras installées à Nice n'avaient pas de personnels formés en nombre suffisant face aux écrans de contrôle.

Par ailleurs, les dizaines d'agents de surveillance des voies publiques (ASVP) sont visibles, certains posent la question de leurs prérogatives. Pour ma part, je pose la question de la possibilité de leur faire passer les concours et la formation de policiers municipaux.
Je terminerai par un appel aux citoyens : comme pour la propreté, la collectivité ne peut pas tout pour la sécurité : soyons mobilisés, en sanctionnant d'un regard désapprobateur certains apprentis “sauvageons” que le regard social (notre société individualiste) n'encadre plus.Mêlons-nous plus souvent de ce qui ne nous regarde pas, en étant habiles, pour ne pas prendre au passage de mauvais coups.

Le débat n'est pas clôt, je ne veux que participer à l'enrichir.

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