Les grèves dans l'Education Normale :
Une fois n'est pas coutume. Je pense que les différentes actions et grèves actuelles qui touchent l'éducation sont tout à fait justifiées.
Je n'ai pas la culture de la grève et des manifestations, vous vous en doutez peut être. Mais aujourd'hui, il semble que le gouvernement UMP et sa majorité aient envie de mettre un coup de pied dans une fourmilière. Et, plus grave, inspirés par une idéologie incompréhensible, ils proposent une réforme peu claire qui semble attaquer sur trop de plans et d'angles à la fois. Si c'est une stratégie, elle n'est pas heureuse pour l'avenir des enfants et des jeunes élèves.
Pour en savoir un peu plus, j'ai entamé une petite recherche, pour ne pas en rester à de vagues impressions.
1ère trouvaille, un livre écrit à 4 mains, dont vous trouverez une fiche critique ici.Il date de 2004 et rassemble Meirieu et Darcos.
Extrait d'une autre critique de ce livre, à lire pour avancer sur le sens profond d'une réforme de l'école :
… Alors, quand Xavier Darcos déclare que nous avons là une utopie, Philippe Meirieu déclare : « dans une démocratie, le ministère de l’éducation nationale devrait être le ministère de l’Utopie – l’utopie fondatrice de toute espérance, celle d’une culture émancipatrice de tous les hommes ». Et de rappeler à Xavier Darcos la phrase d’Edgar Morin : « La plus grande utopie, c’est de croire que l’on peut se passer d’utopie ». Que répond Xavier Darcos ? Il dit que l’Utopie peut exister, mais qu’il faut aussi poser une action ministérielle sur un budget bien concret et on reconnaît bien, là, la façon dont aujourd’hui on déclare que le ministère de l’Education Nationale doit participer à l’effort budgétaire national…
2 ème étape dans ma recherche, Darcos se met en scène et explique ses réformes. Les toutes dernières n'y sont pas. Admirez la gestuelle ! Sur la "Réforme TV"du gouvernement...
Pour sa part, François BAYROU qui repart à la rencontre des français dans les régions, a dénoncé un projet « dangereux » de réforme du lycée de Xavier Darcos, qui fut, rappelle-t-il au passage, son directeur de cabinet lorsqu’ il était lui-même ministre de l’Education. Celui qui se targue d’ être dans une « opposition particulière », capable de dire oui, ne juge cependant « pas anormal que la puissance publique garantisse l’accueil dans les écoles » les jours de grève.
Le service minimum :
"Le service minimum, une réponse à l'absurde" (Une employée de Mairie réquisitionnée, entendue sur France Info)
Mais avec une deuxième grève annoncée mardi prochain dans l'école de mes enfants, je peux vous dire que le service minimum rendu obligatoire par la loi, et par les tribunaux, va commencer à être utile. Bien sûr, pas avec des policiers municipaux en tenue dans des gymnases, ni avec des parents d'élèves rémunérés...
Mais, loin de casser la grêve, il faut que cette situation ubuesque cesse. Que les parents, les fédérations de parents d'élèves, les mouvements d'éducation se joignent aux syndicats enseignants pour ouvrir le débat et obliger le gouvernement à négocier franchement. Le Ministre Darcos ironise sur les couches à changer au mois de juillet ! Soit ! Mais qu'il n'utilise pas les courts formats des médias classiques, en évoquant des syndicats qui auraient commencé à signer des principes de discussions et des débuts de réformes, et qui aujourd'hui voudraient sauver leurs chances pour les élections aux Prud'hommes.
Les revendications des personnels enseignants :
Je leur fais confiance, la corporation enseignante saura trouver les moyens de faire passer des messages sans manifester le samedi (une fois cet automne). Mes petites têtes blondes viennent en effet de m'expliquer l'installation d'un jardin d'enfants au milieu ou à la place de leur école. Ils n'étaient pas contre ...
- nouvelle organisation de la semaine et aides personnalisées au détriment du rythme scolaire des enfants dont la journée s’allonge pour les enfants en difficulté.
- suppression de 6000 postes dont 3000 RASED dans l’école primaire.
- nouveaux programmes de l’école primaire, plus lourds, avec horaires annualisés pour les savoirs autres que le français et les maths.
- menaces sur l’école maternelle par la fusion avec des « jardins d’éveil ».
- lycée « à la carte » avec modularisation des enseignements et diminution des horaires.
- service minimum d’accueil des enfants imposé aux collectivités.
- suppression des IUFM.
Alors, que se passe t'il ? Que faisons-nous, parents, éducateurs, acteurs politiques ?
A l'heure où le PS finit de se regarder le nombril, maintenant qu'il est sur que Bayrou a coupé le cordon avec la" droite ", quel autre enjeu national mériterait un débat d'envergure, une mobilisation de tous au delà des clivages dépassés ?
Nous le savons tous, l'investissement de notre nation (ou des sociétés européennes ou occidentales)dans l'éducation est colossale. Fabriquer des citoyens, des adultes épanouis (?), des acteurs de production, de recherche, etc etc est une mission longue et noble. La connaissance éloigne de la barbarie, des fanatismes.
Quelques députés zélés (il y en a par ici) attaquent les enseignants non "affectés", qui n'enseignent pas directement. Des milliers. Et ils s'empressent de montrer le mauvais exemple, en ne tenant pas leurs promesses et en s'adonnant au tourisme électoral.
Le manque de concertation avec les enseignants me choque. La discussion avec les parents n'est pas plus ouverte. Si le ministre rencontrait les fédérations des parents de l'enseignement "libre", jeudi, avant de présider une rencontre européenne des ministres de l'éducation, il y a beaucoup de chemin à faire. De chacun des acteurs.
L’impératif pédagogique ne justifie pas ces mesures mais seulement la volonté de réduire les dépenses publiques. On peut craindre que ce processus ne conduise insidieusement au démantèlement du service public et des statuts du personnel pour évoluer progressivement vers un modèle anglo-saxon. Je me suis rendu dans une salle de collège la semaine passée : dans les cours de salles d'anglais, il y a des affiches de Mc Donalds, permettant d'enrichir le vocabulaire des collégens avec un supprt visuel. Voulons-nous des téléviseurs offerts par des sponsors qui diffusent des programmes éducatifs sponsorisés et des dizaines de minutes de publicité ?
Avec une retraite à 70 ans et le travail le dimanche, les enseignants manifestent peut être à notre place, finalement....
Un chantier est ouvert. Beaucoup d'acteurs, pas mal d'outils. Il faut étaler les plans sur la table, et ne pas économiser sur le ciment des valeurs, de l'égalité et de notre cohésion nationale.
Avec vos commentaires, vos liens, vos désaccords ou témoignages, n'hésitez pas. Tant que les socialistes font autre chose !
1 De AS -
Ily a tellement à dire que l'on ne sait par quel bout prendre tout cela.
Première chose qui me choque énormément dans la garde des enfants ; les enseignants qui dépendent de l'Etat font grève et c'est aux communes de régler les garderies. Pourquoi ? c'est à l'état de pallier les manques de leurs fonctionnaires et de faire face aux conséquences des absences.
Deuxième point, soixante ans de vie "lucide" , 15 ans de scolarité personnelle initiale et 10 ans de "formation continue" d'adulte, puis ou en même temps avec deux enfants vingt cinq ans de scolarité, j'ai l'impression d'avoir toujours vécu avec les grèves et les insatisfactions des enseignants pour une raison ou une autre.
La seule question est : y a-t-il plus d'échecs ? y a-t-il plus d'enfants ne sachant pas lire. Il y eut à une époque un examen d'entrée en 6ème tous ceux qui ne réussissaient pas et il y en avait étaient des exclus du système. Dans une vie idéale tout le monde devrait avoir les mêmes chances !! la vie n'est pas un idéal . Qu'il faille y tendre c'est certain la grève, les modifications de programmes continuels sont-ils une solution ?
Je suis bien incapable de conclure, pour moi l'éducation est affaire des parents, l'école est là pour transmettre des savoirs. Si les parents ne peuvent soutenir les enfants je pense qu'il doit y avoir des relais par les associations, les soutiens gratuits le soir ou dans les quartiers, cela existe mais curieusement ce sont souvent les meilleurs qui en tirent profit.
Tout est un peu en vrac mais pour moi l'éducation des enfants est un point primordial , c'est l'avenir de notre pays et je suis prête à y sacrifier les budgets de tous les autres ministères en demandant simplement que les enseignants soient à la hauteur de cette exigence. Un instituteur un professeur est face seul à sa classe il n'a pas un espion derrière chaque mot prononcé et il y a mille façons de respecter la lettre tout en maintenant le fond librement.
Le dernier point que je trouve très inquiétant est la technicité de plus en plus grande des emplois. Les "nouveaux analphabètes " se multiplient , personnes sachant lire et écrire mais ne pouvant se débrouiller dans la complexité des documents administratifs, machines diverses ... Je suis incapable à Paris d'acheter sur une machine automatique un billet complexe métro banlieue je vais au guichet après plusieurs ratages spectaculaires.
2 De FB -
AS : oui, les questions soulevées sont complexes. Parce que je n'ai presque jamais manifesté, je profite de l'espace que je me suis crée. Peut être aussi parce que je suis père.
La situation de l'école m'inquiète. Il y a des posters McDo dans les salles des cours d'anglais. Demain se seront des vidéos clips de la scientologie pour les sciences naturelles, ou pour l'économie...
La situation de l'école, celle que j'appelle normale est inquiétante aussi car la formation des enseignants est remise en cause avec très peu de débats dans l'opinion. Et les spécialistes ne communiquent pas !
Evidemment les parents éduquent, l'école instruit. mais il y a des défaillances si nombreuses...
Enfin, pour faire court, la question de la technologie, des connaissances m'effraient moins.Mais apprendre à apprendre, acquérir des savoirs être, des savoirs faire, semblent un peu oubliés.
Si on préfère provoquer (...les couches), surveiller (cf l'appel d'offres de veille du Ministère) et passer en force (le service minimum d'accueil) pour réformer, alors je suis prêt à garder mes enfants les jours de grêve.
J'ai un programme pour eux. L'utopître*ira au tableau.
*Marc Jolivet
3 De XD -
Sept revendications. C'est toujours comme ça avec les syndicats, plein de revendications qui n'ont rien à voir.
Quand comme moi, on est contre la réforme des lycées, pour les nouveaux programmes de l'école primaire, pour la suppression des iufms, contre la réforme des concours enseignants, on fait quoi ? grève ou pas grève ?
4 De AS -
A XD
Dans ce cas si on est enseignant on fait son boulot, dans l'intérêt des élèves et en essayant d'utiliser les règles selon sa propre conscience.
Un "bon prof" ou un "bon instit" l'est toujours quels que soient les programmes.
Il faudrait peut être veiller à un recrutement plus ciblé et que ne se retrouvent pas dans l'enseignement les gens qui n'y sont que par pis aller. Nous avons tous eu des profs de ce genre.
5 De XD -
A AS : je n'ai rien compris à votre commentaire. Que viennent faire les "bons profs", "bons instits" dans cette histoire ? Quand on est hostile au pédagogisme des iufms, ça veut dire qu'on ne fait pas preuve de pédagogie ?
6 De FB -
@ XD : Je ne crois pas qu'il y ait là un pb de bons profs. Mais je comprends la remarque de certains profs qui auraient pris ce métier par défaut, après X années de fac par exemple.
Peux tu nous éclairer sur la fin des IUFM, et qu'appelles tu pédagogisme ?
7 De Isabelle -
Pour moi le débat ne se situe pas là, grêve ou pas grêve, service minimum ou pas, (que je me refuse d'utiliser par conviction) reformette ou pas...Le débat est qu'à ce jour l'éducation publique de notre pays, celle à laquelle tous nos enfants doivent avoir accès, laisse sur le bord du chemin, chaque année, un nombre incalculable d'enfants qui sont condamnés dès leur plus jeune âge car trop rapide, trop lent, différents, bref pas sur le bon chemin décidé par l'éducation nationale.....Combien de temps encore allons nous fermer les yeux? Des solutions ont été testée: les RASED, je connais, j'ai pratiqué de très pret, cela ne marche pas....Je ne prétendrais pas avoir les compétences pour proposer des mesures suffisemment structurées qui seraient la solution, mais j'ai des pistes:
la maternelle devrait aider nos enfants à se socialiser, à maitriser le langage oral, pourquoi doivent-ils dès la 2ème année commencer à écrire à déchiffrer les lettres, ce n'est pas le moment, c'est prouvé. Certes bien des parents cède aux sirènes de l'exellence et souhaite voir leur progéniture au top dès le plus jeune âge mais il urgent de recentrer la place de cette scolarisation des touts petits.
concernant les instits et les profs, je n'ai là encore pas les compétences pour juger de leur qualités mais il me semble que certains manquent de pédagogie voire de psychologie, voire de tolérance, voire d'envie d'être là.D'autres au contarire se donnent beaucoup mais se découragent. Il y a surement à ces phénomènes bien des explications, pourquoi ne pas s'y atteler.....
Le collège est un passage très difficile pour nos enfants, voire violent pour certains, ors c'est me semble-t'il le parent pauvre de l'éducation nationale, quand va t'on se pencher sur ce grand malade?
Enfin et surtout la place des parents dans tout cela? je rejoins AS l'école n'est pas là pour tout gérer, les parents doivent avoir leur place et un dialogue sain et constructif doit être remis en place.
Je m'arrête là c'est un sujet dont je pourrais débattre pendant des heures, c'est pour moi aussi une priorité nationale et urgente, il y a le feu de partout arrêtons de mettre des pansements en urgence, il faut une concertation de tous les acteurs, une reflexion de grande envergure pour enfin reformer pour avancer....
8 De XD -
Le pédagogisme, c’est une théorisation à l’extrême de la façon d’enseigner. Ce sont des gens qui se gargarisent de mots compliqués (référentiel bondissant, outil scripteur) pour désigner des mots simples (ballon, stylo).
A la place des cours de didactique, j’aurais préféré avoir des réponses à des questions simples du style « un élève est insolent. Que dois-je faire ? », « comment gérer l’hétérogénéité d’une classe ? ». Ce qui est utile, ce sont les stages : au collège, au lycée, en ZEP, en lycée pro, en entreprise (pour les matières techniques).
En fait, je ne suis pas pour la suppression des iufms mais plutôt pour un gros dépoussiérage.
Apparemment, Darcos veut créer des masters professionnels d'enseignement mais j'ai bien peur que la formation de l'enseignant dans sa discipline soit réduite.
9 De marc -
AX ,Cela existe déjà à la fac de lettre de NICE
Ou les étudiants inscrivent en troisièmes années de licence lettre moderne, peuvent effectuer dans le cadre de leur option
des stages, dans les différents établissements secondaires( lycées) ou les étudiants interviennent pour venir en aide aux lycéens en difficultés . Cette formation de tutorat est justement destinée aux étudiants qui veulent devenir enseignants
10 De FB -
Pour le primaire :
Les enseignants de l'école de mes enfants invitent les parents à une réunion à 20h lundi soir.
C'est une bonne idée, les deux parents sont rentrés et l'un peut garder les enfants.
J'espère même que les parents présents pourront diffuser les infos aux autres.
Si les enseignants commencent ce type d'actions, alors je me demande si la situation n'est ps plus grave qu'il n'y parait à première vue.
A suivre