Côte Ivoire: Le billet du 27 janvier de Macaire Dagry





Comment L. Gbagbo espérait se maintenir au pouvoir en défiant la communauté internationale

Dans notre dernière chronique intitulée, « Lettre ouverte au Président des Etats-Unis d’Amérique », nous avions évoqué la menace que pouvaient représenter les quinze élections présidentielles qui se dérouleront cette année sur le continent africain pour la démocratie, l’état de droit et le respect du suffrage universel. La gestion difficile de la crise post-électorale ivoirienne actuelle est attentivement observée et étudiée par ces pays, tout comme son dénouement. La récente « sortie » du président ougandais qui vient au secours de L. Gbagbo, contre la position officielle de l’Union Africaine et de la CEDEAO ouvre donc le bal funeste des crises post-électorales. Ce dernier se représente à sa propre succession à la fin du mois de janvier ou début février. En République Centrafricaine, c’est l’ensemble du processus électoral qui est dénoncé en pleine période électorale par l’opposition. Toutes ces éventuelles crises électorales et post-électorales font partie d’un ensemble d’éléments stratégiques sur lesquels compte le Boulanger pour détourner l’attention de la communauté internationale, gagner du temps et se maintenir à terme. À cela il faut rajouter les incertitudes causées par les manifestations en faveur de la démocratie et des libertés individuelles et collectives au Maghreb. Parmi ces éléments stratégiques, il comptait beaucoup sur les interventions de ses différents réseaux occidentaux, notamment français, pour le défendre, malgré son discours démagogique anti-français tant aimé par ses militants manipulés et maintenus dans l’ignorance.

Les Israéliens sont du côté de L. Gbagbo, qui dispose de plusieurs anciens du MOSSAD à ses côtés

Dans une précédente chronique, nous avions montré les liens ambigus qu’entretenait L. Gbagbo avec ses réseaux de Francs-Maçons d’une part, en choisissant deux avocats français issus de cette confrérie, au détriment des avocats ivoiriens. Et d’autre part avec des groupes religieux ivoiriens qui considèrent les Francs-Maçons comme des sorciers, notamment les évangélistes. En plus de ces deux avocats, Vergès et Dumas, il a sollicité deux autres avocats français. D’abord Pierre Haïk, proche de l’UMP et notamment de Jacques Chirac, qui était la « bête noire » du FPI et l’ancien ministre de la justice, Georges Kiejman. Il a également engagé pour ses réseaux Marcel Ceccaldi, proche du Front National. Tous ces hommes de loi étaient chargés de le défendre, mais surtout d’activer leurs différentes sources d’influences pour le soutenir et plaider sa cause dans les milieux décisionnaires français. Le Front National (parti politique d’extrême droite française) s’est clairement positionné en faveur de L. Gbagbo contre la légitimité du président élu, A. D. Ouattara, accusé d’être pro-américain et pro-juif. Ce qui de fait ouvre une brèche et mène à la dénonciation de l’origine juive de l’épouse du président élu ivoirien. Voilà donc deux raisons pour le Front National français d’apporter son soutien à L. Gbagbo. Curieusement, ce mélange des genres ne choque pas et n’est pas dénoncé par les personnalités françaises de gauche et de droite qui pourtant admettent en France avoir pour ennemi commun le Front National, parti xénophobe et raciste. Or, selon un article du journal français Le Figaro daté du 18 janvier 2011, « Les Israéliens sont du côté de L. Gbagbo, qui dispose de plusieurs anciens du MOSSAD (service secret Israélien) à ses côtés ». Bizarrement, le Front National qui prospère en France sur la haine et les multiples attaques à l’encontre des juifs et des Francs-Maçons, fait équipe avec les Juifs et les Francs-Maçons pour quelques millions d’euros. Décidément, en politique, les intérêts particuliers priment toujours sur les grandes causes idéologiques auxquelles seuls les naïfs et les ignorants continuent à croire. C’est à croire que pour de l’argent, Gbagbo a réussi à faire danser ensemble, ces différentes forces d’influence qui se haïssent tant, sur une chorégraphie macabre et funèbre dont il a le secret. Toujours selon le Figaro, les réseaux français de Gbagbo sèment le trouble dans les esprits, jusqu’au sein de l’armée française. Ces derniers manifestent leurs inquiétudes sur le président ivoirien élu, parce qu’il est de confession musulmane. Or, jusqu’à preuve du contraire, il n’est stipulé nulle part dans la constitution ivoirienne que la Côte d’ivoire est un Etat théocratique, dont la gestion du pouvoir serait exclusivement réservée aux seuls Chrétiens. Cet argument est purement démagogique et foncièrement dangereux pour les esprits limités, ignares et incultes qui y croient. Si en France le choix du président de la république se faisait sur des bases religieuses, le principe de laïcité qui fait tant la fierté de ce pays n’aurait donc aucun sens. Étrangement, ce sont ces mêmes réseaux qui dénoncent et se moquent de l’évangélisation de l’Etat ivoirien par Simone et L. Gbagbo. Ce sont encore eux qui crient au scandale lorsque la religion s’invite en plein conseil de ministre. Il faut croire qu’avec quelques millions venant du Boulanger, on peut devenir très vite amnésique, voire même se rendre ridicule aux yeux du monde entier. C’est à croire qu’il y a encore en France beaucoup de personnes qui n’acceptent pas la fin de la Françafrique. Concept crée par le président Félix H. Boigny. Cette fin a tant été souhaitée par L. Gbagbo dans ses discours populistes et démagogiques qu’elle a été réalisée par le président Sarkozy qui n’a aucune affinité ni lien affectif avec l’Afrique. On se souvient encore de son fameux discours de Dakar qui a fait grincer des dents sur le continent.

Laurent Gbagbo est pro-français contrairement à ses discours démagogiques

L’autre argument avancé par les réseaux de Gbagbo, est que le président élu est le chouchou des Américains pour les français et celui des Français pour les militants du FPI. En attendant qu’ils se mettent d’accord entre eux, ce sont bel et bien les Ivoiriens qui ont voté les 31 octobres et 28 novembre et ont élu le président Ouattara. Si parce qu’ADO a fait ses études et a travaillé au FMI, cela fait de lui un « Pro-Américain », alors Gbagbo est un « Pro-Français ». Ce qui devrait donc réjouir considérablement ses militants et ses Chiens de Guerre. Il a fait ses études en France, a épousé une française avec qui il a eu un fils, y a vécu plusieurs années en exile et a travaillé pour survivre. En reconnaissance à la France qui l’a accueilli et protégé, en 2004, il a lancé ses Chiens des Guerre contre les français vivant en Côte d’Ivoire, les chassant du pays avec des propos haineux vis-à-vis de la France où il puise toutes ses références historiques dans ses discours, autant que ses soutiens. Pour un combattant du néo-colonialisme, nous avons vu mieux. On se rappelle encore de cet épisode comique sous la présidence de Jacques Chirac, d’un Gbagbo prêtant son avion présidentiel à la France pour essayer de libérer les otages français en Irak alors même qu’il disait à ses partisans que la France et Jacques Chirac voulaient le renverser de son trône. C’est encore lui qui a choisi la société française de communication Euro RSCG du groupe Havas, appartenant au milliardaire Bolloré (à qui il a donné la gestion des conteneurs des ports du pays), pour faire sa campagne présidentielle, alors qu’ADO a choisi une société de communication ivoirienne. Pour un anti-français et anti colonialiste, il espérait beaucoup de ses relations avec des hommes d’influences et groupes français, comme Total qui exploite le pétrole ivoirien, Bouygues pour construire le troisième pont à Abidjan et bien d’autres entreprises françaises et Américaines pour assurer ses arrières. Parmi ces hommes d’influence, on peut citer Albert Bourgi, frère de Robert Bourgi, cerveau de la Françafrique moderne en voie de disparition que dénonce à longueur de journée Gbagbo face à ses supporters en délire. Sans craindre le ridicule, il s’est même offert les services du pur chiraquien, Jean-Michel Probst, ancien conseiller Afrique de celui qui empêchait Gbagbo de dormir la nuit selon ses propres dires, c’est-à-dire Jacques Chirac.

Lors de son interview avec le journaliste français de Canal plus, L. Gbagbo, sans s’étouffer de rire, a déclaré qu’il était très différent d’ADO. Ça, le monde entier peut le confirmer, il n y a aucun doute là-dessus. Selon Gbagbo, ADO « ressemble tant aux occidentaux et notamment aux Français » (ce qui le différencie de fait de lui). Il s’est alors présenté comme le défenseur de la Côte d’Ivoire, des Ivoiriens et des Africains pour la libération du pays et du continent du joug Franco-Américain. Vraiment, sans rire. C’est sûrement pour cette raison qu’il sollicite tant les occidentaux en leur distribuant des contrats et des millions qu’il puise dans les caisses de l’Etat. Nous devons reconnaître que sur ce coup-là, nous nous sommes dits : « chapeau l’artiste ». Il pourrait bientôt se reconvertir en acteur de cinéma ou de théâtre, il serait vraiment excellent. Et là, nous nous sommes encore dits : « nous ne manquerons pour rien au monde un des films ou pièces de théâtre dans lesquels il jouerait ». En ce moment en se rasant, peut-être pense-t-il que « tous ces blancs l’ont blagué pour bouffer son argent. Pian ». Ou encore, « qu’il aurait pu économiser tous ces millions qu’il a distribué à tous ses réseaux sur lesquels il espérait tant pour usurper le pouvoir au mépris de la volonté du peuple ». En effet, il pourrait bientôt en avoir besoin pour lui, ses familles, et pour financer tous ceux qui auront tout perdu en le suivant dans sa folie despotique. À moins que le destin n’en décide autrement.

Macaire DAGRY

27 Janvier 2011

macairedagry@yahoo.fr

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