Regard en arrière- "Crise chez les travailleurs sociaux." 4 années plus tard. Et l'actualité.


L'actualité, un plan social du côté de mon association employeur, la fermeture du service "Actes jeunes" récemment, du service "Entr'Actes" à Nice en septembre dernier, une coupe très importante de subvention pour les Foyers de Jeunes Travailleurs à Nice, Antibes, Cannes et Valbonne, des menaces plus ou moins précises sur la prévention spécialisée...me poussent à publier de nouveau ce billet qui date déjà de plus de quatre années. Merci au moteur de recherche (là, à droite, en bas, par "mots-clés")

En bas de ce billet, je vous offre quelques mots d'actualisation et de commentaires...

A tout de suite.

Crise chez les travailleurs sociaux.
Par Fabien Bénard le mardi 17 février 2009, 23:57 - Bien vu. - Lien permanent

Préambule : Un billet un peu particulier, difficile pour moi. Je vais essayer de ne pas me tromper de casquette. La convention collective dite "66" qui est en vigueur dans un grand nombre d'établissements sanitaires et sociaux est en cours de renégociation. C'est bien d'un point de vue politique que je vais aborder la question, sans oublier que mon métier d'éducateur occupe quand même une bonne partie de mon temps, fait "bouillir la marmite", et ce depuis près de 15 ans.

Alors, quelle crise chez les travailleurs sociaux ?

La convention collective 66 est la dernière à être discutée, bousculée par les propositions des syndicats employeurs du secteur du "travail social" ou de l'éducation spécialisée. Après celle des centres de lutte contre le cancer (CLCC) en 99, la convention collective 1951 (FEHAP) et la convention Croix Rouge en 2003, voici le tour de la Convention du 15/03/1966. Celle-ci régit le cadre de travail des salariés des associations de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence (Snasea), des organismes privés sanitaires et sociaux à but non lucratif (SOP) et des associations de parents et amis employeurs et gestionnaires d’établissements et services pour personnes handicapées mentales (Fegapei). Les propositions de ces 3 syndicats employeurs présentent des reculs importants concernant notamment les métiers et leurs spécificités, les garanties collectives (atteinte au fait collectif dans le travail) et l’organisation des salaires pour les employés du secteur. Je ne parle même pas de la crise de sens que traverse en permanence chaque acteur œuvrant dans le champ des détresses sociales, de l'inadaptation, des handicaps. A quoi je sers ? Le regard de la société sur les personnes handicapées changera-t'il ? Sommes-nous des agents du contrôle social ?...

Mon questionnement à ce jour :

Sans rentrer davantage dans les détails, la première question qui me vient à l'esprit est la pertinence de remettre en question aujourd'hui ces accords sociaux, négociés au fil de l'histoire du développement de ce secteur. La pénibilité de certaines de nos tâches quotidiennes, la complexité pour répondre aux besoins immenses et variés des publics les plus en difficultés et le manque d'attractivité de certains de nos emplois (éducateur d'internat pour adolescents, par exemple) semblent occultés par les collectifs d'employeurs. Les financeurs, État, Assurance maladie ou Conseils généraux ont bien compris où réaliser quelques économies futures. Pas tout de suite, assurent-ils, mais bientôt, je n'en doute pas. La crise va toucher de plein fouet les publics, nombreux, les plus fragiles: est-ce le moment de s'attaquer aux travailleurs sociaux ? A l'heure d'une crise financière, puis économique sans précédents depuis des décennies, c'est une crise de sens qui se propage dans nos sociétés.En première ligne, les éducateurs, qui n'ont jamais été des privilégiés corporatistes, vont devoir faire plus avec moins de moyens. En effet, tandis que les "progressions" de carrières à l'ancienneté sont remises en cause, les budgets de nos établissements et services sont eux aussi en sursis, avec une menace latente de coupes sombres, habillées de "contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens". La réalité profonde est la pression du secteur privé marchand et des grandes organisations patronales classiques, qui se satisferaient bien de voir transférer une grosse part des activités sociales vers une offre de services marchands. Ce n'est pas difficile, il suffit de solvabiliser la demande. Alors le social, qui n'est pour certains qu'un "coût" deviendrait un produit comme les autres. Qui a déclaré il y a une quinzaine de jours, à la tête de son exécutif local: "le seul social que je connaisse, c'est l'investissement et l'emploi "? Ah, qu'il est facile d'oublier que le premier poste budgétaire de la collectivité locale que l'on vient de quitter, ...était le social!

Dernier chapitre

Compétences validées et qualifications remises en cause (spécificités des métiers et formations niées), rémunération à parts variables pour des emplois organisés par des "critères classants", gestion individualisée des carrières, congés spéciaux supprimés, voilà plus d'une raison de se mettre en grève et de manifester.(jeudi 10h, CADAM)

Epilogue, provisoire: Si vous n'avez rien compris à mon billet, revenez demain ou découvrez le site du collectif 06 pour défendre la convention 66. Je ne ferais pas grève, jeudi, mais je ne serais jamais loin de mes collègues, au service de "notre public" en difficultés. En espérant que les syndicats sauront un jour se remettre en question (informations trop réduites), et que l'ensemble de mes "collègues" ne perdront jamais de vue leur éthique professionnelle, avec aussi, des droits et des devoirs. N'est-ce pas ce que nous tentons de faire passer aux plus faibles de notre société ?



Tiens voilà que je me cite moi-même. L'âge, l'expérience, la sagesse ou une auto-satisfaction bien mal placée ? Ou bien, mon chemin d'engagement, les analyses que l'on m'offre depuis plusieurs années, alors-même que je me suis mis en situation d'observateur/acteur de la Politique et du social, tout cela porte ses fruits.

Bon, l'actualisation promise:

Dans cet article du 17 février 2009, Christian Estrosi que j'évoque sans le citer, vient de laisser sa place au CG. Rien à retirer de mon billet. Il est complétement actuel. Avons nous gagner 4 ans, ou alors le monde marchand a t-il gardé le médical comme proie et poire pour la soif ?
Je fais toujours de la politique ou un truc comme ça. De la Politique en amateur (sans mandat électif). Les gens ne savent pas ce qu'ils ratent. J'ai pensé arrêter, en juin 2012, en me donnant trois mois de réflexion.

Par contre, ceux qui me connaissent savent que depuis trois années, j'ai pris d'autres responsabilités, au cœur de l'économique totalement couplé au social. Ou le contraire. C'est peut être bien du social totalement imbriqué dans les réalités économiques. Puisque j'ai étais conduit la première année à licencier (en tant qu'employeur bénévole) six collaborateurs pour sauver cinq emplois, et ensuite en recréer quatre.

Quand à mon avis sur les syndicats, croyant ne pouvoir les changer, je me suis résigné à les aider à s'amender. De l'intérieur. Vieille pub de "Pantashop" en tête, si les syndicats n'existaient pas il faudrait les inventer." Ils sont si peu représentatifs, si maigres en troupes. Et pourtant si utiles car chaque pouvoir grandit avec de bons et beaux contre-pouvoirs face à lui. C'est peut-être là aussi que l'on voit la dérive individualiste de notre société. La destruction des phénomènes et des mouvements collectifs structurés. Le fait militant cantonné aux musées et dans les encyclopédies ouvrières que certains s’échinent à écrire. Il y a une manifestation jeudi matin au CADAM, la Préfecture de Nice et des Alpes-Maritimes. Et un vote par 52 Conseillers généraux d'une Délibération Modificative du Budget 2013.
Le champ du handicap n'est pas touché de la même manière, il est question de se recentrer sur les compétences obligatoires de collectivités locales qui n'ont pas moins de problèmes de dette, de trésorerie, de budget, que l’État, où beaucoup de français.

Bon, je viens de me faire un sang d'encre (donc mieux vaut écrire, c'est moins douloureux) à tenter d'expliquer à certains de mes collègues qu'il fallait rester sereins, et montrer de la solidarité aux plus exposés d'entre nous par les licenciements et reclassements. Car la force d'une chaîne ne peut être égale qu'à la force de son plus faible maillon. (si, c'est aussi simple que cela.)
Voilà ma nouvelle conclusion provisoire: notre société* doit prendre toujours garde à veiller à ses jeunes , à ses enfants, ces maillons les plus fragiles et les plus prometteurs aussi, comme ces bambins, hébergés dans un hôtel quelque part en France, par l'Aide Sociale à l'Enfance et aux familles, avec leurs mamans. Deux sont morts, deux reçoivent des soins, une seule petite fille est totalement saine et sauve. Ils voulaient jouer à pêcher au bord d"un étang, samedi, en poussant plus loin l'aventure de leurs jeux au-delà du parking.
Moi qui ai grandi bercé par les airs de Dutheil, "Prendre un enfant par la main" ou "Le petit pont de de bois", qui depuis vingt cinq ans joue, fait jouer des têtes blondes (et brunes), je suis bouleversé par cet accident. Notre responsabilité est collective, la solution est à trouver et agir ensemble.
Soutenons, éduquons !

Notre société doit le faire à n'importe quel prix !

  • et les parents...


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