Certains se demandent à quoi sert l'Union Européenne. D'autres comment rapprocher l'Europe des citoyens. Les plus avertis s'étaient réunis pour savoir quels seraient les enjeux de la Présidence française de l'Union Européenne.
Et puis, finalement, l'Europe vient à nous pendant deux jours.
Cette conférence de la Présidence Française de l'Union Européenne, "Internet des objets, internet du futur", qui se déroule jusqu'à mardi au Palais des congrès Acropolis a accueilli aujourd'hui 12 ministres européens, environ 1000 congressistes et intervenants européens, mais aussi venant du monde entier.
Pas complexés du tout et toujours mobilisés quand il s'agit d'enjeux européens, nous étions 3 membres du MoDem à être venus aujourd'hui nous informer, et surtout réflêchir à une société qui sera révolutionnée par ces technologies qui bouleversent notre environnement.
Viviane Redding et Eric Besson
La technologie qui est au cœur de cette révolution, le RFID, pour "Radio frequency identification" est la clé de cet internet des objets (IOT, ou "Internet of Things"). Cette puce permet de tracer les objets, d'assurer rationalisation et économies pour les questions de stockage (gestion des stocks) et gestion des flux. Les applications dans les secteurs de l'industrie, des transports sont déjà existantes. Pour le secteur de la grande distribution, de la santé, de la domotique nous sommes à la veille d'une nouvelle époque. Même si nous connaissons les ordinateurs depuis 50 ans, il est difficile d'imaginer un monde numérique où des dizaines de données seraient saisies automatiquement par des capteurs.
Il faut se projeter dans un environnement où les roues de nos voitures seront équipées de puces qui nous indiqueront la pression de nos pneus en nous envoyant un Sms, de vêtements intelligents et "communiquants", un monde ou la moindre canette de boisson gazeuse pourra être reliée à internet.
Aujourd'hui il y aurait dans le monde 1,8 milliard d' ordinateurs, 3,5 milliards de téléphones portables, et 6 milliards d'habitants. 10 000 milliards de nouveaux objets chaque année ! Vertige numérique. Comment notre monde va-t-il évoluer ?
Alors il est temps de vous dire ce que veut faire l'Union Européenne, à travers les actions et les questions de la Commission de la Société de l'information et des médias :
- Que les industriels respectent la loi.
- Quel accès aux données ?
- Avec quel niveau de sécurité ?
- Comment sera établi l'inter-opérabilité des systèmes ?
- Les standards de ces technologies : les normes sont-elles suffisamment transparentes ?
- Les spectres des fréquences radio : risques, saturation des fréquences ?
Toutes ces questions sont un peu techniques, et j'espère ne pas avoir commis de contre-sens ou de confusions, tout en voulant simplifier au maximum mon propos.
Les vrais questions politiques, au delà de la technique, ce sont toutes les questions qui touchent à l'intégrité de la vie privée des personnes. Le droit au silence, que le secrétaire d'Etat Eric Besson (pas Luc !) a évoqué avec la Commissaire européenne Viviane Redding n'est pas la seule exigence de l'Union Européenne. Vous en saurez plus en lisant et en écoutant la brève de France infos, en cliquant ici
Si l'Europe veut garder un rôle dans ce débat, c'est aussi parce que la domination américaine sur internet est réelle.Et la volonté européenne pourrait être de chercher à garder l'ouverture de l'internet, quand nous vivrons à l'heure de l'internet des objets.
Je rajouterais encore que la neutralité d'internet est vraie aujourd'hui, mais il y a sur la planète des pays qui essaient de contrôler totalement internet. Des entreprises où les technologies peuvent déjà contrôler les déplacements des flottes automobiles, camions ou pourquoi pas les déplacements physiques des salariés grâce à leurs badges. Un intervenant s'est permis d'évoquer le contrôle des mouvements, à défaut du contrôle des esprits.
Effrayant ?
Alors si un autre intervenant dit à la tribune qu'il ne faut pas limiter la technologie, mais suivre la technologie, vous vous sentez rassuré ? Vous seriez d'accord avec le fait que la règlementation ne doivent pas être mis en place, puisque toutes les applications n'existent pas encore ou ne sont pas encore prêtes.
Pour conclure bientôt, je rajouterais ce que chacun des orateurs a rappelé aujourd'hui : les droits fondamentaux des citoyens doivent être inclus dès aujourd'hui dans la construction de l'internet des objets. Alors que 68 % des consommateurs sont préoccupés par la sécurité de la transmission des données sur internet.
Cette question de la protection de la vie privée n'est pas nouvelle (comme le fichage des individus, mais qui prend une autre ampleur avec la puissance informatique d'aujourd'hui et le croisement de certaines données). Mais le niveau des problèmes et des nouvelles questions qui se posent aujourd'hui est immense.
Le défi est énorme : les consommateurs devront être informés, éduqués. La question de la confiance ou de la défiance des consommateurs sera essentielle. Nous devrons tirer des avantages à accepter ces environnements intelligents.
Mais, l'exemple n'a pas été cité aujourd'hui, si nous acceptons de porter sous la peau une puce pour que notre commande de boisson favorite soit instantanée dans le carré VIP d'une boîte branchée d'Ibiza, alors c'est toute une civilisation qui est en question.
Technophobes, consom'acteurs, gardons-nous confiance en la capacité de la gouvernance européenne, sur sa capacité à garder le contrôle de tout cela ? Deviendrons-nous des clients exigeants des produits "à haut niveau de protection de notre vie privée" ?
Des produits bio, sans OGM et sans RFID ?
Bonus : la participation à une telle conférence me permet d'apprendre, et de vous dire, que votre voix peut être entendue. L'UE nous consulte sur des dizaines de thèmes régulièrement et vous trouverez ici, en anglais , les avis, les enjeux de cette question de l'internet du futur.Et la place de faire entendre votre voix.
Voilà, vous êtes arrivés au bout du 400 ème billet de ce blog. Certainement le plus technique !
1 De JP FRAY -
la technologie offerte au public a une quinzaine d'année de retard sur le présent scientifique; alors que veux dire limiter ou suivre? cela me semble du ressort de la rhétorique... je vais faire lire ton message à mon fiston, le sujet étant de son domaine; Mais il m'entraine sur un autre domaine: on parle beaucoup d'énergie renouvelable, du nucléaire, mais où en est-on de la fusion nucléaire? qui ne crée aucun déchet; cela semble un sujet tabou par les lobbies énergétiques et les écolos
2 De Jean-Philippe GREGOIRE -
Tiens ? Pas de question sur la propriété ? Je n'y crois pas.
La vrai question de l'internet est celle-là : mais qui contrôle quoi, et qui est capable de contrôler quoi. Même la RPC n'arrive pas à tout contrôler, malgré des moyens... à la hauteur de ce pays.
Je crois qu'internet est la plus grande chance que la démocratie ait eu depuis sa création au Vème siècle avant JC. Personnellement, je préfère utiliser Internet plutôt que de regarder la télévision, tout simplement parce que je deviens actif : c'est moi qui décide ce que je veux lire devant mon écran.
Sinon Fabien, futur Monsieur Internet du Modem 06 ? Oh oui !
3 De CedricA -
Avec l'internet des objets on retombe toujours sur le même problème : le croisement des fichiers. Gérer un stock de marchandise via des puce RFID ou le déplacement d'un véhicule transportant ces marchandises grâce au GPS est une louable démarche de rationalisation qui peut être vue comme un meilleur service aux clients, une réduction des déchets et transports.
Le problème survient lorsqu'avec cet objet qui est suivi à distance, l'on dispose des informations relatives à celui qui les transporte ou qui les achète.
Par exemple, la traçabilité d'une boite de médicament pourrait être combiné avec n'importe quelle autre méthode d'identification des personnes, et donc faire le lien entre cette personne et une maladie. Encore pire, les marqueurs sur les futures prothèses révolutionnaires que l'on nous promet afin d'assurer la maintenance des dit prothèses. Il deviendra dangereux de rendre visite à son assureur ou banquier, au cas où il se dote d'un lecteur de puce RIFD sous son paillasson.
Inversement, lorsqu'un système de traçabilité total est mis en place, l'absence de traçabilité pointe du doigt le porteur du produit sans tag.
Tout comme aujourd'hui ne pas disposer d'un téléphone portable faut figure d'archaïsme, demain ne pas être tagué pourrait devenir un handicap. On en voit les prémisses avec le badge telepéage, ou le billet sans contact de la RATP, qui donnent accès à des voies dédiées plus rapides. Refuser de ne pas être tagué pourrait rapidement devenir trop pénible et conduire à une perte de choix.
Et l'on ne parle pas du marqueur ultime du vivant, le gène. Qui ne trouverait pas génial d'avoir une traçabilité total du steak ou des tomates de son assiette. C'est facile, il suffit de passer un morceau sous le lecteur qui vous donnera toute l'histoire du steak. Attention à ne pas mettre son propre doigt sous le lecteur, vous, vous retrouveriez à Gataca (http://www.cedric-augustin.eu/index...)